Programme
Concert n°2
Au-delà du piano
Arcadi Volodos, piano
Federico Mompou (1893-1987)
Scènes d’enfants I. Cris dans la rue II. Jeux sur la Plage I III. Jeux sur la Plage II IV. Jeux sur la Plage III V. Jeunes filles au jardin Musica callada Premier cahier – I. Angelico Premier cahier – II. Lent Quatrième cahier – XXVII. Lento molto Quatrième cahier – XXIV. Moderato Quatrième cahier – XXV. Deuxième cahier – XI. Allegretto Deuxième cahier – XV. Lento – plaintif Quatrième cahier – XXII. Molto lento e tranquilo Deuxième cahier – XVI. Calme Premier cahier – VI. Lento Troisième cahier – XXI. Lento Quatrième cahier – XXVIII. Lento***Pause***
Alexandre Scriabine (1871-1915)
Étude op. 8 no 2 en fa dièse mineur Étude op. 8 no 11 en si bémol mineur Prélude op. 11 no 14 en mi bémol mineur Prélude op. 16 no 1 en si majeur Prélude op. 16 no 4 en mi bémol mineur Prélude op. 22 no 3 en si majeur Prélude op. 37 no 1 en si bémol mineur Poème op. 63 no 1 : Masque Poème op. 63 no 2 : Étrangeté Poème op. 71 no 2 : En rêvant, avec une grande douceur Danse op. 73 no 2 : Flammes sombres Sonate no. 10, op. 70 Vers La Flamme, op. 72Au-delà du piano…
Arcadi Volodos est sans conteste l’un des meilleurs pianistes au monde, considéré comme un génie pour sa capacité unique à combiner virtuosité exceptionnelle et musicalité profonde et expressive, qualités qui en font une référence dans l’univers actuel de la musique classique. Brahms, Schumann, Schubert, Rachmaninov, Scriabine… il apporte une dimension nouvelle à toutes les œuvres qu’il touche par son jeu inimitable et inspiré. Maître de toutes les facettes de son instrument, il aime en explorer les sonorités, portant ces dernières jusqu’à leurs extrêmes limites. Son amour de la musique, son souci du détail, son goût pour la spontanéité, ainsi que son humilité face aux compositeurs mêlée à la plus haute exigence de son travail, font de chacune de ses performances, live ou enregistrées, des interprétations uniques et personnelles.Hommage à Alicia de Larrocha (1923-2009)
Cette année, Arcadi Volodos jouera en hommage à Alicia de Larrocha, à l’occasion du centenaire de la naissance de cette pianiste légendaire, interprète remarquable de son compatriote catalan Federico Mompou et d’autres de ses contemporains ibériques.Mompou : La voix du silence
Arcadi Volodos consacre la première partie du programme à Mompou. Son album consacré au compositeur catalan a été acclamé par la critique et a décroché un Gramophone Award en 2013. Il en interprétera deux cycles : les Scènes d’enfants, impressionnistes et empreintes de naïveté, puis un choix de pièces tirées des quatre cahiers de Musica callada (cycle de 28 miniatures), le chef-d’œuvre du compositeur, et son œuvre pour piano seul la plus profonde. Une musique à la voix silencieuse, où la solitude se fait musique… « Cette musique ne connaît ni vent ni lumière. C’est un léger battement de cœur. Elle est silence, car son audition est intérieure. Discrétion et réserve. Son émotion est secrète et ne prend forme sonore que dans ses résonances, sous la grande voûte froide de notre solitude. » (Propos de F. Mompou à propos de Musica callada.)Scriabine : La marche vers l’absolu
La seconde partie du programme est consacrée à des œuvres du compositeur russe Alexandre Scriabine : études, préludes, poèmes, mais aussi la 10e sonate et, pour finir, le poème aux sonorités presque apocalyptiques, « Vers la Flamme ». D’abord inspiré par Chopin, puis par Debussy, Ravel et Richard Strauss, Scriabine se place à l’avant-garde de la musique : il se détache progressivement de l’harmonie classique pour développer son propre langage, avec un objectif : aboutir à une œuvre d’art total censée conduire les spectateurs vers une forme d’extase. Scriabine était un maître de la grande forme libre, mais aussi un virtuose de la miniature. Volodos nous emmène des œuvres de jeunesse jusqu’à son opus le plus mystique.Quel programme !
Au travers de la musique épurée de Mompou et des grandes envolées exaltées de Scriabine, c’est dans un voyage presque mystique que nous conduit le pianiste Arcadi Volodos. Ces deux compositeurs témoins du passage au 20ème siècle ont développé leur propre langage et se sont consacrés presque exclusivement au piano, leur instrument de prédilection. Piochant dans les différents recueils, le pianiste a imaginé un enchaînement original de courtes pièces, qui retracent l’évolution de leur univers musical respectif. Ce programme inédit, parfaitement construit et d’une cohérence absolue, est une véritable expérience musicale, conçu magnifiquement dans une progression intense menant de l’atmosphère la plus intimiste à un dénouement flamboyant, comme une puissante déferlante qui nous attire aux frontières de l’atonalité. Myassa LealArcadi Volodos, piano
Volodos a tout – imagination, passion et une technique phénoménale – pour concrétiser ses idées au piano. Sa virtuosité illimitée, combinée à un sens unique du rythme, de la couleur et de la poésie, fait de Volodos le narrateur d’histoires intenses et de mondes infinis. Né à Saint-Pétersbourg en 1972, Arcadi Volodos a commencé ses études musicales par des leçons de chant et de direction. Il n’a entrepris une sérieuse formation de pianiste qu’en 1987 au Conservatoire de Saint-Pétersbourg avant de poursuivre des études supérieures au Conservatoire de Moscou avec Galina Egiazarova puis à Paris et Madrid. Depuis ses débuts à New York en 1996, Volodos s’est produit dans le monde entier en récital et avec les plus grands orchestres et chefs d’orchestre. Il a notamment collaboré avec le Berliner Philharmoniker, l’Orchestre philharmonique d’Israël, le Philharmonia, le New York Philharmonic, le Münchner Philharmoniker et le Royal Concertgebouw Orchestra, sous la direction de chefs tels que Myung-Whun Chung, Lorin Maazel, Valery Gergiev et Seiji Ozawa. Les récitals de piano jouent un rôle central dans la vie artistique du musicien depuis le début de sa carrière. Son répertoire comprend des œuvres majeures de Schubert, Schumann, Brahms, Beethoven, Liszt, Rachmaninov, Scriabine, Prokofiev et Ravel, mais aussi des partitions moins souvent interprétées de Mompou, Lecuona et de Falla. Invité régulier des plus prestigieuses salles de concert d’Europe, il se produit, au cours de la saison 2019-20, au Konzerthaus de Vienne, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Barbican Center à Londres, au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, au KKL de Lucerne. Depuis son premier récital primé au Gramophone Award au Carnegie Hall de News York et publié par Sony Classical en 1999, Arcadi Volodos a enregistré une série d’albums acclamés par la critique, dont ses magnifiques interprétations des sonates de Schubert et des pièces pour piano de Rachmaninov. Le disque “Volodos Plays Liszt”, sorti en 2007, a reçu de nombreux prix, tandis que son récital au Musikverein de Vienne en 2010, publié sur CD et DVD, a emballé la critique internationale. En 2013, son album solo “Volodos Plays Mompou”, consacré aux œuvres du compositeur espagnol, reçoit un Gramophone Award et l’Echo-Preis. Son enregistrement “Volodos Plays Brahms”, publié en avril 2017, comprend 13 pièces pour piano de Johannes Brahms, dont les opus 117 et 118 et une sélection de l’opus 76. Immédiatement considéré comme une référence sur la scène musicale, l’album a été récompensé en novembre 2017 par le prix Edison Classical Award et le Diapason d’Or et récemment par le prestigieux Gramophone Award 2018, décerné au meilleur enregistrement instrumental de l’année. www.volodos.comAlexandre Scriabine (1872-1915)
Alexandre Scriabine est un pianiste et compositeur russe, à la charnière entre le XIXe siècle et le XXe. Personnalité complexe et contradictoire, son œuvre est imprégnée des considérations philosophico-mystiques et d’un sentiment romantique exalté : pour Scriabine, la musique est un moyen de libération, capable de transformer l’homme et l’univers.
Né d’un père diplomate et d’une mère pianiste, Scriabine se retrouve orphelin très jeune, il est élevé par une tante qui lui enseigne le piano. Il étudie l’harmonie, le contrepoint, le piano (Anton Arenski) et la composition (Vassili Safonov) au conservatoire de Moscou en 1888, mais se lance dans une carrière de pianiste même avant avoir obtenu la médaille d’or.
Au conservatoire, il rencontre Rachmaninov, avec qui il entretient une relation compliquée, entre admiration, amitié, et rivalité.
Grand admirateur de Chopin, grâce à ses tournées en Europe (où il joue uniquement ses œuvres), Scriabine découvre Liszt, Wagner, Debussy et Ravel. En Belgique il fréquente les cercles théosophiques, ce qui confirme ses affinités vers le mysticisme. Traduit en musique, « le mystère n’est qu’un acte total » : Scriabine prône la fusion entre les sens et les arts, et accompagne ses concerts des projections colorées basées sur les correspondances entre les hauteurs sonores et le spectre des couleurs.
Son originalité se situe d’abord sur le plan harmonique : parti de l’influence de Chopin, avec Wagner Scriabine découvre l’hyperchromatisme et frôle avec l’atonalité dans ses dernières œuvres, supprimant toute l’armure à la clé.
Pour lui, « l’art n’est qu’un moyen pour s’enivrer, un vin merveilleux ». Le jeune Scriabine a connu ses premiers chocs musicaux grâce à la musique de Chopin et de Wagner. Plus tard, il s’est intéressé à Debussy, à Ravel et à Richard Strauss, avant de comprendre que l’harmonie classique avait fait son temps. Il a ainsi proposé son propre langage musical, avec un objectif : celui d’aboutir à une œuvre d’art total censée conduire les spectateurs vers une forme d’extase.
Alexandre Scriabine était un excellent pianiste. Il faut se souvenir qu’en Russie pendant les années 1910, Alexandre Scriabine était considéré comme le chef de file du courant moderniste. Il est l’une des figures les plus originales de la musique russe du 20ème siècle.
Federico Mompou (1893-1987)
Né à Barcelone de mère française et père catalan, rattaché à Paris — sa terre de formation et sa patrie d’adoption pendant de longues périodes — Frederico Mompou est sans doute le compositeur le plus représentatif de l’histoire de la musique catalane. Bien que d’autres compositeurs nés aussi en Catalogne comme Albeniz et Granados l’aient précédé dans la notoriété internationale, Mompou est pourtant celui qui donnera à l’âme de la musique catalane une réelle projection universelle (Albeniz s’identifiant davantage à l’Andalousie et Granados au caractère madrilène).
Mais, comme le dit Vladimir Jankélévitch*, « Mompou n’a jamais prétendu être un folkloriste ; mais il aime et utilise le chant populaire, le chant populaire catalan, et parfois aussi il le réinvente ; il est lui-même l’âme chantante de la Catalogne ». Né la même année que le célèbre peintre Joan Miró et le grand poète catalan Carles Riba, le nom de Mompou s’inscrit dans le mouvement de Renaissance Catalane qui depuis Verdaguer (1845-1902) donnera des figures
aussi significatives que Gaudí, Dalí ou Casals.
Mais, si Mompou refuse d’être un folkloriste, il rejette aussi l’appellation de compositeur : « J’ai toujours protesté lorsque l’on m’appelle compositeur — m’écrivait-il il y a quelques années — Je ne suis pas un compositeur ; je ne veux pas être un compositeur. Je crois, tout simplement, que je suis une musique, une musique dont je suis convaincu que ce n’est pas moi qui la fais, car j’ai toujours la sensation qu’elle vient en moi de dehors ».
Pour Mompou, l’essentiel est d’obtenir « la plus grande force expressive avec le maximum de simplicité et d’économie de moyens, ainsi que le retour à un primitivisme pour exposer l’idée musicale nue et pure ».
Comment un être aussi intuitif a t-il pu composer une œuvre aussi vaste dont l’intégrale pour piano représente l’un des apports les plus singuliers et considérables du répertoire pianistique du 20e siècle ? « Le mystère de Mompou — reprenant encore Jankélévitch — nous fuit dès qu’on essaie de l’étiqueter ou de le rattacher à des catégories réflexibles. Mais on peut percevoir cette voix sensible et inimitable, qui est la voix même du silence…
Ce que veut Mompou, à la recherche de la solitude sonore c’est atteindre le point inattingible où la musique est devenue la voix même du silence, où le silence lui-même s’est fait musique ».
Narcis Bonet
Alicia de Larrocha (1923-2009)
Alicia de Larrocha est l’une des pianistes les plus importantes du XXe siècle. Sa vocation musicale s’est manifestée dès son enfance. Grâce au professeur Frank Marshall, disciple de l’école d’Enrique Granados, Alicia a pu développer tout son talent, menant une carrière artistique titanesque. Au cours de plus de septante ans, elle a donné près de quatre mille concerts à travers le monde, dans les salles les plus importantes et avec les orchestres et chefs les plus prestigieux.
Sa mère et sa tante avaient été les élèves de Granados. Alicia commence l’étude du piano à l’âge de trois ans et prend ses premiers cours à quatre avec Franck Marshall à l’Académie Marshall. Le répertoire espagnol la fascine bien vite, mais son professeur l’oblige à passer d’abord par les « classiques » – Bach, Mozart, Chopin, Schumann, et Liszt. Elle se produit pour la première fois en solo à six ans, et, à onze, elle joue le Concerto dit du « Couronnement » K 537 de Mozart avec l’orchestre symphonique de Madrid. En 1940, elle commence à effectuer des tournées, d’abord dans son pays natal, puis en Amérique latine. Mais sa carrière ne commence vraiment qu’en 1947, date à laquelle elle entame une tournée internationale, qui la mène en Europe, notamment en Angleterre (débuts londoniens en 1953), puis aux États-Unis et en Afrique du Sud. En 1955, elle joue avec l’orchestre philharmonique de Los Angeles. Dès lors, elle assied vite sa notoriété dans le milieu musical international, et fréquente assidûment les studios d’enregistrements, et avec succès, puisqu’elle obtient durant sa carrière onze Grammies récompensant ses meilleurs disques.
Sa carrière est émaillée de rencontres artistiques de la plus haute importance, notamment avec Francis Poulenc, dont elle joue le Concerto pour deux pianos en duo avec le compositeur. Sa longue amitié avec le compositeur Federico Mompou, qui lui dédie plusieurs pièces, est aussi très significative.
Alicia de Larrocha était de petite taille, de même que l’étaient ses mains. Malgré cette particularité elle vient à bout des pièces les plus difficiles techniquement, grâce à une assise très haute au piano, et à des exercices spécifiques qui lui ont permis d’adapter son jeu à sa morphologie. Elle a dû toutefois se résigner à ne plus jouer Rachmaninov qui exige des mains plus grandes que les siennes.
Le répertoire d’Alicia de Larrocha compte beaucoup de compositeurs espagnols, dont Albéniz, Granados, Mompou, et Soler. Cependant, elle a aussi enregistré d’autres compositeurs comme Bach, Haendel, Haydn, Khatchatourian, Mozart et Scarlatti.
Alicia de Larrocha a remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, dont la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports en 19823 et le Prix Prince des Asturies en 1994. En 1995, Alicia de Larrocha est la première artiste espagnole à obtenir le Prix de la Musique de l’UNESCO. La Fondation Jacinto Guerrero de Madrid lui a décerné son Prix en 1999.